Je m'adapte à mon interlocuteur

Contexte + pourquoi j'ai placé ceci ici ? 

Lors de mon stage en 5ème primaire, je menais à l'origine un simple savoir écouter sur la situation de communication : de ma plus belle voix, je lisais des extraits aux élèves et ceux-ci devaient trouver qui était l'émetteur du message, le récepteur, l'intention du message et le lieu où celui-ci était proféré. 

Quand soudain, une idée m'est venue à l'esprit ! Durant mon stage, une élève que nous allons appeler Rose pour préserver son anonymat, quitte la classe après avoir parlé à ma maitre de stage en lançant un "allez salut" ! Celui-ci n'était pas dit de manière nonchalante, négligée ou quoique ce soit, mais ma maitre de stage a interpelé la jeune fille pour lui faire remarquer qu'elle ne pouvait pas s'exprimer de la sorte devant n'importe quelle personne. Elle, ça ne l'avait pas dérangé mais si Rose avait agi de la même manière envers le directeur, celui-ci aurait pu mal prendre cette réplique "légère", en pensant que l'élève le prend pour son ami. 

Tout s'est assemblé dans ma tête : pourquoi ne pas proposer aux enfants un savoir parler en prolongement de cette activité où l'on s'attarde plus précisément sur le récepteur et sur la manière de s'adresser à ce dernier en fonction de son statut ! C'est bien cet aspect de l'activité qui m'a poussé à placer cet article dans cette catégorie du blog.

J'ai proposé mon idée à ma maitre de stage qui m'a rapidement donné le feu vert, la machine était lancée et je vais vous expliquer ci-dessous comment cela s'est passé dans les grandes lignes (vous pourrez retrouver la préparation de l'activité en fin d'article.

Déroulement

La 1ère étape a été de définir de manière bien précise le cadre de ce savoir parler pour ne pas nous retrouver avec des élèves partant dans tout les sens ou au contraire étant complètement bloqués par le manque de consignes. Il a donc été décidé que les élèves allaient devoir grosso modo expliquer à quelqu'un qu'ils avaient apprécié la pièce de théâtre qu'ils avaient vu la veille. 

Super, nous avons le sujet mais le plus important reste les récepteurs ! Les élèves ont donc été répartis en binômes et chaque groupe a donc reçu un destinataire parmi ceux-ci :

• Un ami
• Monsieur Etienne (le directeur)
• Fabrice (une personne extérieure à l'école que les enfants connaissent bien car venant souvent faire des animations au sein de celle-ci. Et accessoirement, c'est lui qui a créé de toutes pièces la représentation théâtrale que les enfants ont vu).
• Le roi (et oui, rien que ça ) !

Ensuite, les élèves avaient toutes les cartes en main pour rédiger leur situation de communication sur la feuille que je leur avais distribuées. Ceux qui le souhaitaient pouvaient se servir du cadre placé en haut de la page pour lister les différents éléments de leur situation et ainsi avoir une idée d'ensemble de celle-ci. 

Enfin, tout naturellement est venue le moment de la mise en commun. Les différents groupes sont venus présenter leur extrait au groupe classe. Le retour sur les présentations s'effectuait ensuite de la manière suivante : 

• Le temps des questions (3 maximum)
• Le temps des conseils (3 maximum)
• Le temps des félicitations (pas de limitation)

Nous avons pour finir clôturé la leçon en définissant les grandes différences entre chaque situation :

• ce dont on parle concrètement : même si tout le monde devait expliquer qu'ils avaient apprécié la pièce, la manière d'argumenter divergeait (entre amis, on se focalise sur ce qui nous a fait rire alors que quand on parle au directeur ou au roi, nos arguments portent sur le fond de la pièce, les messages véhiculés).
• le vocabulaire utilisé : on ne parle pas de la même manière à son camarade et à monsieur Etienne (exemple de salutation entre amis : "salut mon pote" / comment saluer monsieur le directeur : "bonjour monsieur").
• la posture : quand on parle au roi, on fait attention à être bien droit, à articuler correctement, à ne pas rire...

Exemple d'extrait obtenu 

Bonjour votre majesté. Notre pièce de théâtre s'est passée comme ça : nous avons apprécié la pièce grâce à la harpe, la musique douce au début nous a calmés. Ensuite elle s'éteignit petit à petit, le souffle coupé, plus personne ne parlait. Alors nous avons pu découvrir dans de bonnes conditions un spectacle très intéressant et émouvant.

Analyse réflexive

Je ne vais pas vous mentir, je suis vraiment content de cette activité. D'une part car l'objectif a été atteint et les enfants, au delà d'avoir proposé des extraits tous très originaux, ont bien cerné l'idée que notre interlocuteur influence la manière dont nous nous exprimons. D'autre part, je suis content d'avoir ancré cette activité dans le quotidien de ce stage. Je veux dire par là que l'idée du savoir parler vient d'une observation que j'ai fait (=> la situation de Rose) et que le sujet de la situation des élèves vient d'une pièce qu'ils avaient réellement vu la veille (oui oui, je ne l'ai pas inventé) ! En plus de faire le lien avec la vie de l'école, cela leur a permit d'avoir énormément d'idées pour enrichir leurs extraits.

Si je devais refaire cette activité à l'avenir, je pense que l'élément majeur que je changerais serait de donner un peu plus de liberté aux élèves dans le sens où ici, ils devaient tous expliquer qu'ils avaient aimé la pièce. Pourquoi pas, une prochaine fois, les laisser choisir l'appréciation de celle-ci. Ainsi, je suis persuadé qu'une observation qu'on pourrait faire serait qu'entre amis, les enfants osent dire parfois de manière très crue qu'ils n'ont pas aimé l'expérience. Tandis que cela est bien plus rare quand on s'adresse au directeur car on aurait peur de sa réaction, lui étant "le grand patron" de l'école.

Source

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